Améliorer son réseautage : une question d’état d’esprit
Si la démonstration de l’importance du réseautage n’est plus à faire, le vrai défi réside dans la façon dont on aborde la chose. « L’art de réseauter » n’est pas sorcier, c’est une habitude, qui deviendra, grâce à la répétition, une seconde nature. On discute avec Mme Shirley Marquis, Vice-Présidente, Réseau de Courtage chez Beneva, sur les différents moyens pour changer son regard sur le réseautage.
Le réseautage, on le sait, est intimement lié à l’avancement professionnel. Une recherche rapide sur la toile nous présente une multitude d’études qui abondent toutes dans le même sens : construire des relations à long terme avec les acteurs et actrices de son milieu est un élément essentiel dans la construction d’une carrière.
Mais il semble parfois y avoir un décalage entre ce qu’on sait et ce qu’on fait…
Pour les femmes, les enjeux liés à la conciliation travail-famille, les réseaux informels masculins des sphères décisionnelles parfois difficiles à percer ou la pression de performance semblent former un vent de face.
L’ensemble de ces difficultés contribue à créer ce qu’on nomme maintenant en anglais le networking gap. Et cet « écart » entre le réseau des hommes et celui des femmes n’est pas anodin. Des données LinkedIn publiées en 2020 nous révélaient qu’au Canada, les femmes sont 26 % moins susceptibles que les hommes d’avoir un réseau solide.
Comment changer la donne? Comment transformer sa volonté de réseauter en pratique de réseautage?
On fait le tour de la question avec Mme Shirley Marquis.
Shirley Marquis, Vice-Présidente - Réseau de Courtage - National VP Brokerage Network. Après avoir appris le réseautage par essais et erreurs dans diverses chambres de commerce en début de carrière, Mme Marquis distille aujourd’hui son expérience pour aider les recrues de son entreprise à développer leur réseau.
Développer ses aptitudes pour développer son réseau
Pour Mme Marquis, les raisons qui poussent les gens à faire du réseautage ou les bénéfices qu’ils en retirent varient selon leurs fonctions et visées.
Elle insiste sur un bénéfice du réseautage parfois relégué en arrière-plan : le développement des compétences comportementales (le savoir-être, la communication, l’écoute…), compétences importantes à l’avancement professionnel qu’on ne pratique pas nécessairement dans les activités quotidiennes liées à son travail.
« Même si l’on n’est pas dans un poste de développement des affaires, cela va venir enrichir notre proposition de valeur. »
Un processus d’amélioration continue qui demande cependant une notion de répétition.
« C’est certain que si je décide d’aller dans un événement de réseautage une fois par année, que je ne connais personne à cet événement et que je me fixe de grands objectifs, mes chances de succès sont minces! La réussite en réseautage, c’est lorsqu’on arrive à créer une habitude. »
Les différentes avenues pour réseauter sont multiples. Mme Marquis souligne les activités en relation avec son activité professionnelle, qui sont aussi l’occasion de développer son réseau.
« Si je pense à une organisation comme l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), il y a une foule d’activités. Ce n’est pas nécessairement présenté comme du “réseautage”, mais le simple fait de mettre ensemble des humains qui partagent des intérêts communs, ça favorise les discussions qui se transforment par la suite en connexions. »
Les résultats escomptés du réseautage viendront d’eux-mêmes grâce aux nouvelles relations que l’on nourrit. L’important est d’y investir du temps.
Une question d’état d’esprit
Pour profiter pleinement du réseautage, il est impératif d’être dans de bonnes dispositions.
Pour Mme Marquis, cela commence par un discours mental positif lorsqu’on pense à nos activités à venir. Elle résume les points importants à ses yeux pour réseauter avec plus de sérénité.
S’enlever de la pression
« J’ai vu des gens qui allaient dans des rencontres avec l’objectif de créer x nouveaux liens, ou qui avaient pour mission de donner x cartes d’affaires… C’est cibler ses objectifs sur des éléments hors de notre contrôle : les gens qu’on souhaitait voir ne seront peut-être pas là, la soirée ne se déroulera peut-être pas comme on le pensait… »
Plutôt que d’arriver avec des attentes, il vaut donc mieux revenir à l’essentiel : le contact humain. Mme Marquis nous confie une approche qui l’a aidée à se sortir du schéma mental lié à la « réussite » ou à « l’échec » d’un événement de réseautage.
Une intention qui vient avec un autre point important.
S’intéresser d’abord à l’autre
En donnant d’abord la chance à l’autre personne de parler d’elle ou de son entreprise, on brise la glace avec générosité et on fait tomber le stress qui vient parfois avec l’impression d’être en représentation lorsqu’on aborde quelqu’un pour parler de soi-même.
Cette approche axée sur l’autre mènera peut-être la discussion hors du spectre professionnel, ce qui aide à créer des liens de façon naturelle.
« Ce qu’il faut enlever de notre réseautage, c’est la pression de performance. C’est cette pression qui freine les gens et les fait hésiter à se lancer. »
Pour la personne qui débute en réseautage ou qui intègre un nouveau milieu, elle aura à faire usage d’un trait de caractère important pour persévérer…
Cultiver son humilité
« Même pour des gens qui sont des experts dans leur domaine, si l’on a peu pratiqué ses aptitudes de réseautage en début de carrière, c’est fort possible qu’on ne soit pas aussi à l’aise qu’on le voudrait lors de nos premières sorties. »
La bienveillance envers soi-même est donc essentielle pour passer plus rapidement à un autre niveau.
Le calendrier : notre meilleur allié
Pour Mme Marquis, cet autre niveau est atteint lorsqu’on retrouve, dans nos diverses activités de réseautage, les gens avec qui on a tissé des liens dans les événements précédents.
« Lorsqu’on commence à être un peu plus en terrain connu – on retourne aux mêmes endroits, on revoit les mêmes personnes –, ça devient intéressant parce qu’on va arriver à mettre des gens en relation, ce qui est hyper enrichissant pour soi-même et pour les autres. »
Pour réaliser rapidement la transition, on fait appel à un outil qui ne devrait déstabiliser personne : l’agenda.
« Le fait d’organiser nos activités pour l’année et de mettre la date à l’agenda, ça devient un engagement. »
Une entreprise, une organisation, ou une association comme l’AFFQ offre généralement un calendrier de leurs événements à venir. Mme Marquis prend le temps de consulter ces différents calendriers. Elle évalue les événements qui la concernent avant de s’inscrire « en blocs » pour les mois à venir.
Et pour ceux et celles qui cherchent des « raccourcis », Mme Marquis nous dévoile une forme d’implication qui peut favoriser le développement de nouvelles relations.
« Au sein des organisations, lorsque c’est possible, devenir membre d’un comité est une excellente façon de se donner une utilité, une mission. Si je suis dans le comité organisateur d’un événement par exemple, par défaut, je suis déjà en position d’aider les gens sur place, de les informer, de les guider, bref, d’entrer en relation. »
Développement du carnet d’adresses 2.0
Lors de l’événement, devrait-on déployer des stratégies pour cibler les « bonnes » personnes ou saisir des opportunités?
« Non. C’est surtout une question d’instinct, de présence. Il y a toujours des petites situations qui vont survenir, des hasards, des moments cocasses… J’utilise ça comme des occasions pour faire de l’humour, pour entrer en conversation. »
Là où Mme Marquis utilise une approche plus volontaire, c’est dans son utilisation des outils technologiques et des réseaux sociaux.
« Depuis une dizaine d’années, j’utilise énormément LinkedIn. Ça m’a permis de développer mon réseau de façon exponentielle. »
Le réseau social professionnel demeure son principal outil de travail pour organiser son carnet d’adresses durant et après un événement de réseautage.
La curiosité comme moteur
Une approche instinctive du réseautage comme la décrit Mme Marquis requiert avant tout un grand engagement de la part de la personne qui souhaite développer son réseau. Les opportunités viendront, mais il faut prendre les devants, diversifier ses activités de réseautage.
« L’employeur offre beaucoup de choses en termes de réseautage, mais c’est à la personne de se responsabiliser pour ouvrir ses horizons, toucher à de nouveaux concepts, voir d’autres façons de faire… »
Mme Marquis mentionne que les échanges avec des gens qui n’évoluent pas dans notre milieu de travail, dans le cadre des activités d’une association par exemple, amènent de la perspective sur son métier et peuvent être la source de relations très nourrissantes.
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Il y a donc, dans cet état d’esprit propice au développement de son réseau, trois points qui reviennent : la nécessité de se lancer, l’importance de développer ses aptitudes sociales et la compréhension que toute transformation sera liée à la répétition.
« Les plus grands réseauteurs ne sont pas les plus organisés ou stratégiques, ce sont ceux qui veulent être en contact avec d’autres personnes, qui le font régulièrement et qui ont développé ce soft skill pour que ça devienne une seconde nature. »
Des personnes qui ont décidé d’aller à la rencontre des gens de leur milieu et de le faire dans le plaisir.
– Équipe rédactionnelle de l’AFFQ
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