en-avant-2

Mieux se connaître pour mieux gérer sa carrière

11 novembre 2020

Chronique de 4 articles, pour lire la suite:

Article 1Article 3Article 4

Mon dernier article dans cette série concluait sur l’importance de la connaissance de soi dans une démarche de développement professionnel. Je constate quotidiennement les défis et les avantages à se connaître.
Ces femmes accomplies, avec qui je travaille, ont à leurs actifs réussites professionnelles, diplômes, certifications, accolades multiples. Or, lorsqu’elles entament une réflexion sur leur carrière, elles se butent souvent aux questionnements suivants :

« Je ne sais pas par où commencer » ;
« Combien de temps ça va durer ? » ;
« Je n’ai pas envie de passer mon temps dans mes émotions » ;
« Je ne sais pas ce que je pourrais faire ou ce que j’aimerais faire ».

Le monde du travail est rempli d’opportunités pour les femmes. Mais il est également truffé d’attentes sociétales, plafonds, falaises, autres embuches de verre.
Avec toutes les récompenses qu’elle apporte, cette démarche devient une exploration de nos émotions, aspirations, talents, mais aussi des limitations internes et externes qui nous sont imposées.

Le cheminement proposé est un audit de votre situation actuelle. Celui-ci prendra acte de votre situation interne et votre environnement externe. J’identifierai des embuches potentielles et des antidotes possibles.

LA TECHNIQUE DE L’AUDIT

La gestion de carrière s’apparente à une série de décisions. Le bien-fondé, l’utilité et le succès de ces choix dépendront de la qualité des premières étapes que sont l’audit externe et interne. Pour une introduction en douceur à la démarche, je commence toujours par le volet externe.

L’audit externe

Si vous avez déjà participé à une évaluation 360, vous êtes familière avec un outil utilisé pour se connaître. Ici, j’en propose trois :

1. Le miroir
Envoyez 4 questions à 10 membres de votre entourage professionnel et personnel. Je recommande de faire envoyer ce sondage par une tierce personne pour permettre aux répondants de le faire anonymement.

a. Si vous aviez seulement 3 mots pour décrire (insérez votre nom), quels seraient-ils?
b. Que pensez-vous être le superpouvoir de (insérez votre nom)?
c. Quelle est la plus grande opportunité d’amélioration de (insérez votre nom)?
d. À quels moments trouvez-vous que (insérez votre nom) est à son meilleur?

C’est beau de se découvrir à travers la rétroaction offerte par nos proches. Les clientes ont toutes le réflexe de lire les réponses à la question c. en premier!

2. L’évaluation des contraintes

Les contraintes de notre réalité ne font pas souvent l’objet d’une évaluation. Elles influencent significativement notre capacité à effectuer des changements dans notre vie. Pour documenter et évaluer vos contraintes, regardons le tableau suivant.



- Analyser ses contraintes

3. L’inventaire des actifs

Dans l’introduction, je parlais de la difficulté qu’ont plusieurs femmes à énumérer leurs réussites. Fait avec recul, cet exercice remédie à cette difficulté. Le but est d’établir une liste des actifs suivants :

• Diplômes ;
• Certifications ;
• Réussites (qualitatives et quantitatives) ;
• Structure, étendue et force de votre réseau ;
• Compétences transversales.

Faites cet exercice avec objectivité. Si besoin, demandez l’aide d’une tierce personne pour qu’elle prenne des notes pour éviter que vos réponses soient filtrées par votre syndrome de l’imposteur !

L’audit interne

Alors que l’audit externe se fait avec un certain recul, l’audit interne demande une implication émotionnelle. Je propose 3 angles de questionnement :

1. Les trois mots

Cet exercice fait écho au sondage que vous aurez effectué auprès de vos proches. En énumérant vous aussi (sans regarder les résultats du sondage!) les trois mots que vous utiliseriez pour vous décrire, vous analyserez l’adéquation entre vos impressions et la façon dont vous êtes perçue par votre entourage.

2. Le « champ de mines » émotionnel

Imaginez la scène suivante : vous êtes en réunion avec votre comité de gestion. Vous faites une suggestion et votre collègue vous interrompt pour la 5e fois. Vous voyez rouge. À la stupéfaction de vos collègues, vous frappez sur la table en levant le ton. Le temps de retrouver votre sang-froid, il est déjà trop tard.

Cette énième interruption s’appelle un déclencheur (trigger). Connaître et comprendre les vôtres est critique. Cela permet de bien choisir nos environnements de travail, et surtout, nous donne le temps d’en gérer leurs effets.

3. Vos motivateurs

Je tire cet exercice de l’ouvrage « The New Rules of Work » (lien en annexe). Bien que le livre propose cet exercice comme un exercice portant sur les valeurs, il présente surtout l’avantage de nous informer sur nos motivateurs profonds.

Lorsque j’ai fait cet exercice, les résultats m’ont surprise. La vision que j’avais de moi-même était celle d’une femme motivée par l’ambition louable de changer le monde. Pourtant, non! Les conclusions de l’exercice indiquaient que les récompenses pécuniaires venaient haut sur l’échelle de mes priorités!

Voici les grandes catégories de motivateurs:

• Mission et impact ;
• Relations sociales et collaboration ;
• Routine ;
• Récompenses ;
• Défis et expression.

Si vous choisissez d’entamer une telle démarche, voici une réflexion sur des embuches à éviter et certains déterminants de succès.

LES EMBUCHES À ÉVITER

Embuche #1 : Avoir des attentes et des critères de succès exogènes

Nous savons que la société a des attentes souvent démesurées envers les femmes. Des critères de beauté physique en passant par la capacité à jongler avec plusieurs rôles, en restant souriante ! Néanmoins, nous ne sommes pas à l’affut de la manière dont ces attentes s’articulent dans notre propre discours interne ni dans les attentes que nous avons envers nous-même :

• Une femme de mon âge devrait déjà avoir atteint le niveau X ;
• Je ne peux pas me présenter comme (insérez un titre) si je n’ai pas déjà (insérez nombre arbitraire d’années d’expérience) ;
• Se rendront-ils compte que je ne sais pas gérer une équipe ?
• Je ne peux pas prendre ce rôle, il est en dessous de mon dernier poste.

L’antidote : L’autocompassion

 

Embuche #2 : Se parer d’une armure

Dans son livre « Daring Greatly », Brené Brown énumère une liste de comportements ayant pour objectif de nous protéger : le perfectionnisme, le cynisme, « numbing ».
Cette armure n’est pas sans danger. Elle a pour effet pervers de tempérer la force de nos désirs et nos ambitions, nous incitant à ne jouer que dans une arène professionnelle « sécuritaire ». Elle limite l’accès à nos émotions, qui devraient nous servir de boussole vers plus de clarté et d’alignement, et elle réduit notre capacité à prendre des risques et à poser les gestes pouvant propulser notre carrière vers de nouveaux sommets.

L’antidote : La vulnérabilité et le courage

 

Embuche #3 : Limiter son exploration à la sphère professionnelle

Je me souviens d’un atelier où une participante avait du mal à décrire ce qu’elle voulait de son avenir professionnel. Je lui ai posé la question : « Si tu en avais la chance, qu’est-ce que tu ferais toute la journée sans voir le temps passer ». Lire, répondit-elle sans hésitation. Cette réponse spontanée ouvrait tout un horizon à cette dame qui pourtant travaillait dans un domaine technique où la lecture pour le plaisir n’avait pas sa place.

Lire, jardiner, cuisiner, dessiner, chanter, coudre, courir, parler. Des activités de la vie quotidienne qui, regardées à travers la loupe de notre curiosité professionnelle, détiennent peut-être la clef de notre prochaine aventure ou des indices sur notre superpouvoir.

L’antidote : La curiosité et un esprit de découverte

L’autocompassion, la vulnérabilité, le courage, la curiosité et un esprit de découverte sont des traits d’ouverture qui augmenteront la joie et l’alignement dans votre démarche. L’état d’esprit avec lequel vous entamerez ce processus de réflexion sera plus déterminant pour sa réussite que tout autre facteur exogène.

Cette chronique est partie d’une question, « Et si le syndrome de l’imposteur n’était pas le vrai problème », et d’un objectif, vous remettre les rênes de votre gestion de carrière.

La connaissance de soi est la première étape de cette (re)prise de contrôle. Elle n’est pas facile, mais en vaut la peine. Je vous invite à débuter cette exploration, techniquement aride à l’occasion, mais combien riche !

Dans les prochains articles, j’aborderai plus en détail l’état d’esprit (mindset) et les pratiques qui feront avancer votre projet de développement professionnel.

1 Minshew, K., Cavoulacos, A. The New Rules of Work, Orion Publishing Group, Limited, 2020
2 https://themuse-assets.s3.amazonaws.com/newrules/2-Who_Are_You_Now.pdf
3 Difficilement traduisible, ce terme décrit des comportements visant à réduire notre capacité à ressentir des émotions trop fortes : travailler trop fort, trouver du réconfort dans la nourriture, l’alcool ou encore des marathons Netflix.

Chronique de 4 articles, pour lire la suite:

Article 1Article 3Article 4

Bibigi Haile

Bibigi Haile 
Chroniqueuse AFFQ

Fondatrice
Speakeasy.work
Positioning and Branding strategist for women leaders

Speakeasy.work  | Linkedin

40 - CTA - Newsletter

Abonnez-vous à notre infolettre